lundi 25 mai 2009

Quand le jeu vidéo se fait expérimental, 1.

En passant par le festival de l'Affiche et du Graphisme de Chaumont vendredi dernier, je suis tombé sur un historique bizarrement partisan sans l'être vraiment, des grands jeux vidéos sortis depuis le début des années 90. Aux côtés de suites de sagas excellentes telles Resident Evil ou Street Fighter, visant uniquement à étendre une licence pour engranger du profit, se trouvait les pépites retenues par tous comme rares dans le milieu, car expérimentales et réussies. Des jeux acclamés par la critique et boudés par le public, tels de véritables films d'auteurs.Electroplankton (Nintendo DS, 2006) en fait partie. Toshio Iwai, artiste polyvalent de l'aire digitale influencé à ses débuts par les travaux de Norman Mac Laren, a été l'un des premiers à directement s'attacher à expérimenter dans le domaine du jeu vidéo après l'obtention de son diplôme de l'Université de Tsukuba en Arts Plastiques et Média mixes. Parallèlement à ses installations contemporaines utilisant systématiquement vidéos et projections, où il développa plus tard les liens qui unissaient image et son (Resonance of 4, Piano - as Image Media), il fut précurseur du non moins expérimental Rez sur Dreamcast, grâce à son jeu Otocky, tout de même sorti en 1987. Si SimTunes mène le concept de musicalité liée aux formes, aux couleurs et au mouvement plus loin, l'aboutissement (actuel !) de sa carrière dans le domaine vidéoludique se nomme Electroplankton, sorti en 2006 sur DS. Une réelle expérience artistique qui ne fut pas sans déboussoler les joueurs - et après tout, n'est-ce pas le but premier de toute oeuvre d"art". Le jeu soulève plusieurs questions : 
 - peut-on encore parler de jeu quand aucun but autre que la volonté errante du joueur/créateur, ne le guide ? 
 - si le jeu propose bien de créer ses propres mélodies en jouant (joueur/créateur), quid des résultats obtenus ? Le joueur devient-il spectateur ? C'est une des grandes problématiques du secteur à l'heure de la "cinématisation" des grosses licences...
 - les joueurs auront pu regretter l'aspect aléatoire de certains outils de composition qui ne leur permet pas de créer une mélodie exactement à leur goût; cependant qu'est-ce que l'art sans sa part d'aléatoire, si ce n'est une science : on sait tous à quel point le hasard a fait des miracles en photo. 
 - finalement, et de façon bien plus terre à terre, le prix du jeu à sa sortie (40€) était-il justifiable, lorsqu'un quart d'heure suffisait à en parcourir tous les aspects (mais pas les
 possibilités, infinies) ?
Une chose est sûre, Electroplankton assumait sa direction en se présentant comme une oeuvre d'art - allaient dans ce sens, l'écran titre reproduisant l'accord orchestral précédent tout concert, et la notice, imprimée sur papier spécial, et dont la mise en page a fait l'objet d'un soin tout particulier. On y trouve des notes d'intentions exhaustives de Toshio Iwai, illustrées par sa fille Roka. Un vrai livret d'art !!
À noter enfin les installations les plus récentes de l'artiste, réalisées en collaboration avec Hayao Miyazaki pour le musée Ghibli, et visible ci-dessous.  

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